Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Le nom de ce blog est sans doute évocateur de notre "nachid el watani" tant décrié par le passé parce que, associé au pouvoir Algérien illégitime. Après des décennies de disettes. Je voudrais faire de cet espace, un coin où tous mes compatriotes et autres amoureux de libertés, de démocratie, ou tout simplement d'histoire pourraient s'exprimer librement. En ce sens, nous vous souhaitons la bienvenue. En hommage à Nacer Hachiche, repose en paix et à bientôt ! Pour garder le contact avec notre chère patrie : http://www.alger-presse.com/index.php/presse-fr


2009-2014 : Bouteflika, du faux consensus au vrai dissensus par Hassan Talbi

Publié par The Algerian Speaker sur 20 Janvier 2014, 14:10pm

Catégories : #Editos : let's go

ce qui nous attend en 2014

« Il y a malaise au sommet ». C’est Mme Louisa Hanoune, un des satellites les plus proches du « sommet », qui le jure. Bien sûr, elle s’en inquiète et elle a ses raisons…quoi que très personnelles. Mais les Algériens n’avaient pas attendu qu’elle le dise pour le savoir. Le malaise au sommet, c’est assurément la constante nationale la plus tangible. Et, s’agissant d’une constante, ce serait un pléonasme que d’affirmer que ledit malaise est permanent depuis bien longtemps. Souvent latent et silencieux, il se fait plus apparent et quelquefois bruyant lorsque le pays s’apprête à vivre des élections présidentielles. Mais à présent, le mot n’est peut-être pas assez fort pour rendre compte de la réalité. Il serait sans doute plus juste de parler de « crise au sommet ».

 

Un FLN éclaté en quatre factions au moins, à savoir les Hamrouchiens, les pro-Benflis, les pro-Sellal et les fidèles de Bouteflika mort ou vif, d’une part, et un RND aphone, d’autre part, voilà deux symptômes qui indiquent qu’au niveau des hautes sphères, prévaut une situation inédite, faite de dissensions, de manœuvres et de contre-manœuvres. Mais c’est cette semaine que le conflit a fini par éclater au grand jour. Et qui, mieux que la très officielle APS, pouvait le révéler, quoi qu’elle ne le fît qu’à son corps défendant ?

Flash-back. Nous sommes mardi 14 janvier 2014. A 11 heures 23 mn, l’Agence officielle de presse diffuse une première dépêche qui, autant dans le fond que dans la forme, était pour le moins inattendue. Elle y explique que « le président de la République procédera, sauf cas de force majeure, à la convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle de 2014 entre le 16 et le 17 janvier en cours, conformément aux délais impartis par le Code électoral ». Et de rappeler que l’article 133 de la loi organique du 12 janvier relative au régime électoral stipule que le corps électoral est convoqué quatre vingt-dix jours avant la date du scrutin, « sans préjudice des dispositions de l’article 88 de la Constitution ». Pour la première fois depuis le 27 avril 2013, date de l’évacuation de Bouteflika au Val-de-Grâce, l’APS évoque « le cas de force majeure » et « les dispositions de l’article 88 de la Constitution ». Pour une révolution, c’en est une. Ou presque.

Une première certitude : l’Agence ne se serait jamais autorisée à publier une telle dépêche si elle n’en avait pas reçu l’ordre ou l’instruction. De qui ? Sans doute de ceux qui l’ont informée que le scrutin devra avoir lieu « inévitablement », comme écrit entre guillemets dans ladite dépêche, le 16 ou le 17 avril prochain, alors même que le corps électoral n’était pas encore convoqué et que cette prérogative relève exclusivement du président de la République!

Qui a donc enjoint à l’APS de faire ce qu’elle n’avait pas pour habitude d’oser ? Le clan présidentiel, par la voix du frère Saïd, pour rassurer que le chef de l’Etat comptait bien assumer son devoir constitutionnel ? Peu probable : ni le clan ni le frère n’auraient évoqué l’article 88 et le cas de force majeure. Reste l’autre piste, celle qui mène au clan d’en face. Elle semble de loin la plus plausible. Cela expliquerait cet avertissement à peine voilé qu’exprime le contenu de la dépêche : si le président de la République ne procédait pas à la convocation du corps électoral dans les délais impartis par la législation, on serait devant un « cas de force majeure » qui impliquerait la mise en branle de la procédure d’empêchement prévue par le fameux article 88. Car, en définitive, c’est bien cela que disaient les rédacteurs de la dépêche. Et rien que cela.

C’est que Bouteflika se trouvait déjà à l’hôpital parisien du Val-de Grâce ! Depuis la veille, soit lundi, comme finira par l’avouer la présidence de la République, dans un communiqué publié par l’Agence officielle à 17 heures 19 minutes, contrainte et forcée car l’information avait déjà été éventée. D’autres sources ont affirmé que le président a été évacué en France, accompagné uniquement de membres de sa famille, dès dimanche 12 janvier. Mais le plus spectaculaire était cette « garantie » de la présidence de la République quant à un retour du chef de l’Etat au plus tard le vendredi 17 janvier, précisément à la date limite légale pour la convocation du corps électoral ! Cela sonne comme une réponse au contenu de la première dépêche qui semble avoir été entendu comme un ultimatum.

Du coup, l’on s’interroge : Bouteflika s’est-il rendu à Paris réellement pour un contrôle médical « routinier » et déjà prévu depuis juin 2013? Ou venait-il, tout bonnement, de rééditer le coup de 1994, quand il était parti se terrer chez Mme Boudiaf (tout un symbole, pensait-il) lorsque les généraux tentaient de le convaincre de revenir aux commandes sans toutefois lui accorder les pouvoirs qu’il exigeait ? Aujourd’hui, à trois mois des présidentielles, lui contesterait-t-on de nouveau quelque feuille de route ? Sa propre candidature pour un quatrième mandat, par exemple ? Ou celle d’un successeur choisi par ses soins ? Serait-ce, au contraire, lui qui s’opposerait ainsi, à sa manière grincheuse, à quelque option décidée ailleurs, sans lui ni son clan ? Le mystère demeure entier, mais une chose est sûre : au sommet de la pyramide, le consensus n’est pas de mise, cette fois. Du moins, pour l’instant.

Qu’elle est bien loin, cette année 1999 où, « candidat du consensus », Bouteflika pouvait se permettre d’exiger et d’obtenir le score par lequel il devait l’emporter, sans quoi il rentrerait chez lui ! D’homme « du consensus, de la paix et le de la réconciliation », le voilà devenu celui qui nourrit dissensions, conflits et bras de fer au sommet. Après avoir semé tant de zizanies chez les partis, ceux de l’opposition comme ceux du pouvoir. Lorsqu’on a, quinze ans durant, suscité des divisions pour les instrumentaliser, cultivé le régionalisme pour se protéger, encouragé la corruption pour se faire aimer et créé des lobbies nourris à l’argent sale pour s’acheter des soutiens et s’en servir contre les adversaires et les opposants, quand on a osé autant de malversations et de subversions, on finit forcément par se fragiliser soi-même. Et par s’exposer à un retour violent de manivelle. La santé vacillante n’est alors qu’un facteur aggravant, une sorte de complication qui vient s’ajouter à la maladie originelle qui, elle, est d’abord d’ordre moral. Car il est toujours risqué, voire dangereux, de dissocier complètement la morale de la politique, comme Bouteflika l’a fait.

Oui, il y a malaise au sommet. Mais pas seulement. Après bientôt un an d’incapacité avérée du chef de l’Etat à assumer ses fonctions, le malaise a « métastasé », tel un cancer en phase finale. Il a désormais bel et bien gagné la société algérienne. Et la houle inédite qui fait vaciller la maison FLN en est une réplique qui, en d’autres temps, n’aurait pas été possible. Voyez donc ces jeunes qui, bien qu’ayant bénéficié des milliards de l’ANSEJ dans le cadre de cette opération d’achat de la paix sociale, cette autre malversation-subversion politico-économique, en sont à brocarder indistinctement Sellal, Bouteflika et Ghoul.  

Bouteflika candidat pour un quatrième mandat ? Avec le soutien de Gaïd Salah et sans le soutien du DRS, qui plus est ? Ni même celui d’un « FLN entier » ? Mais qui voterait donc pour lui ?

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